lundi 31 mai 2010

Fichier électoral: Pourquoi le fichier électoral n'es pas fiable ?

ALIOUNE SARR, COORDONNATEUR DU COMITÉ DES EXPERTS, DE BENNOO : «Pourquoi le fichier électoral n'es pas fiable»

http://www.xibar.net/ALIOUNE-SARR-COORDONNATEUR-DU-COMITE-DES-EXPERTS-DE-BENNOO-Pourquoi-le-fichier-electoral-n-es-pas-fiable_a24235.html


http://www.sudonline.sn/spip.php?article2326


Malgré le fait que l'opposition ait réussie à remporter plusieurs collectivités locales lors des dernières élections, Bennoo Siggil Senegaal continue à clamer que le fichier électoral n'est pas fiable. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, Alioune Sarr, Coordonnateur du Comité des experts de ladite coalition, explique les raisons qui fondent leur position. Le leader des cadres progressistes ne manque pas de mettre Me Wade devant ses responsabilités par rapport à l'audit dudit fichier, avec le soutien de l'Union européenne et de l'Usaid.


Pourquoi l'opposition continue-t-elle à dire que le fichier électoral n'est pas fiable, alors qu'il lui a permis de gagner plusieurs collectivités locales lors des dernières élections ?

Je vais vous expliquer pourquoi le fichier électoral n'est pas fiable, pour trois principales raisons. La première raison qui explique le manque de fiabilité du fichier électoral est tout simplement le fait que l'état-civil sénégalais n'est pas fiable. Car, pour obtenir la carte nationale d'identité et être inscrit dans le fichier électoral actuel, le citoyen-électeur présente un extrait de naissance qui est un acte juridique de l'état-civil, qui doit être authentique et signé par un officier d'état-civil. Malheureusement, la plupart des communautés rurales, des communes sont sans locaux d'archivage et les registres d'état-civil sont dans un piteux état, s'ils ne sont pas tout simplement détruits par les inondations ou avalés par les termites.

La seconde raison qui justifie le manque de fiabilité du fichier électoral est la gestion non centralisée et presque manuelle des casiers judiciaires et la non-disponibilité d'un fichier national des interdits de vote. L'insuffisance des moyens de la Justice et le nombre élevé de demandes de casiers judiciaires, au moment des élections, fait que ce fichier n'a jamais été obtenu dans une mission d'audit du fichier électoral. Donc, il n'existe aucun lien de contrôle entre le fichier électoral et celui des interdits de vote. La troisième raison du manque de fiabilité du fichier électoral est la gestion approximative du fichier des étrangers et des naturalisations. Ce facteur est intimement lié, à l'absence de fiabilité de l'état-civil. Sans stigmatiser des voisins du Sénégal, pour éviter de tomber dans le syndrome ivoirien, nous savons tous qu'il y a eu des Africains qui ont profité de la refonte de 2004 pour se procurer un état-­civil, obtenir la carte nationale d'identité et être présent dans le fichier électoral. Ce qui est une violation flagrante de la loi électorale.

Quels sont les griefs de Bennoo Siggil Senegaal sur le processus électoral ?

Nous avons énormément de griefs sur tout le processus électoral. Nous considérons qu'il faut aller au-delà du processus électoral. Il va falloir préparer la prochaine élection présidentielle avec ce fichier électoral actuel, même si nous sommes convaincus de son manque de fiabilité en mettant tous les garde-fous. Plusieurs actions seront menées, dont certaines qui sont du domaine public peuvent être annoncées : tout d'abord, il va falloir vérifier l'exhaustivité et la fiabilité des listes électorales, des bureaux de vote et des lieux de vote. Il faudra que le fichier électoral soit rapproché à la population réelle, à travers des enquêtes sur le terrain pour éliminer les électeurs fictifs. Les conclusions de ces recensements seront rendus publiques et la liste des nomades électoraux sera publiée sur Internet. Ensuite, il va falloir évaluer la révision en cours et contrôler l'évolution du fichier électoral durant cette période. Enfin, il faudra rendre effectives des dispositions pour sécuriser le vote des électeurs par la présence de la photo de l'électeur sur les listes d'émargement, la mise en place du Spray, la formation et la prise en charge effective des représentants qui vont surveiller le vote. Sur ce dernier volet décisif, l'Union européenne et l'Usaid sont prêts à accompagner le Sénégal dans cette dernière phase. Par ailleurs durant cet audit nous ferons une lecture par des capteurs des codes barres présents sur les cartes d'électeur, pour que 1es sénégalais soient réellement édifiés de leur signification et de leur utilité. Ces codes barres sur les cartes d'électeur seront comparés au fichier des empreintes digitales, pour une étude comparée.

Quel commentaire faites-vous du travail entamé par l'Union européenne et l’Usaid à propos de l'audit du processus électoral, à travers leur mission exploratoire ?

Cette mission intervient à moins de deux ans de la présidentielle de 2012, dans un contexte chargé par l'action combinée de deux, contraintes politiques majeures : l'absence de confiance entre la mouvance présidentielle et Bennoo Siggil Senegaal et le manque de fiabilité du fichier électoral. Il faut donc placer cette mission dans ce contexte politique lourd et risqué pour notre pays, pour pouvoir mesurer les vrais enjeux et comprendre pour assumer le niveau de responsabilité qu'elle exige de la part du président de la République, des leaders de Bennoo Siggil Senegaal et des acteurs de la société civile. Sous ce regard, le déroulement des étapes successives de cette mission ne laisse alors aucune place à la ruse ou à la manipulation politicienne.

Mais, c'est au président de la République, dont la fonction permet de traduire en lois et règlement les recommandations qui seront issues de la mission, que revient la plus grande part de responsabilité. Dans cette mission, il devra jouer son rôle avec l'autorité que lui confère sa fonction, en ne pensant qu'aux intérêts de la Nation, rien qu'aux intérêts de la Nation.

Que vous inspire l'arrêt de la fabrication des cartes d'identité ?

Lorsque l'État n'est pas en mesure de délivrer à un citoyen, la carte nationale d'identité. lui privant de sa citoyenneté qui lui permet de bénéficier de la reconnaissance et des avantages que lui offre sa nationalité, ce sont les fondements même de l'unité nationale qui sont fragilises. Ce dysfonctionnement est anormal et constitue une erreur de jugement. D'une part, l'État n’a pas été capable à un moment donné de fournir à une partie de ses citoyens un service public essentiel à leur citoyenneté, violant le principe constitutionnel de l'égal accès de tous les citoyens au service public. D'autre part, en rendant l'État otage de sociétés privées, pouvant mettre à l'arrêt un service aussi important pour la sécurité de la Nation que celui de fournir la carte nationale d'identité à ses citoyens, ce dysfonctionnement illustre une grande fragilité de l'État et une remise en cause même de la souveraineté de la Nation sénégalaise. La gestion de tel service public, qui relève de la sécurité nationale, ne doit faire l'objet d'aucune polémique budgétaire, dès lors que les lois et les règlements sont respectés par les acteurs impliqués dans ce processus. Par ce simple fait, l'État du Sénégal doit chercher immédiatement d'autres partenaires sérieux pour mettre en compétition les sociétés actuelles qui lui fournissent les services des cartes nationales d'identité.

Quelle est aujourd'hui la position de Afp par rapport à la problématique de la candidature au sein de Bennoo ?

Ma position est celle de mon parti par rapport à l'élection présidentielle 2012 qui est constante et ne souffre d'aucune équivoque. Nous sommes pour une candidature commune au sein de Bennoo Siggil Senegaal, avec une équipe et un projet articulé autour des conclusions des Assises nationales pour la construction d'une nouvelle République. Que tout autre candidat qui souhaite se présenter le fasse sous sa seule bannière personnelle, mais que Bennoo Siggil Senegaal assume et porte un seul candidat commun pour des raisons évidentes de clarté et de cohérence politique. Pour clarifier le débat, je pense que Bennoo doit dire : «Voilà mon candidat. Voilà mon projet. Voilà mon équipe qui va gouverner le Sénégal». Notre conviction est que la dispersion des candidatures au premier tour fait le jeu du candidat Abdoulaye Wade. Les candidats potentiels de Bennoo Siggil Senegaal auront tort de sous-estimer le candidat Wade, qui ne leur fera aucun cadeau, s'ils ne mutualisent pas leurs forces. La situation politique actuelle du pays mérite tous les sacrifices pour les vrais patriotes.

Que répondez-vous aux attaques de la Cap27, suite à la sortie de votre parti sur la libération de Clotilde Reiss ?

Tous les Sénégalais éprouvent du mépris pour ces attaques venant d'individus, chantant le même refrain depuis dix ans, dont le minimum que l'on puisse dire d'eux, c'est qu'ils ne constituent pas des modèles publics. Cela dit, la sortie justifiée de l'Afp, à propos de cette propagande éhontée sur cette affaire Clotilde Reiss, est partagée par tous les patriotes. Lorsque les principes de l'État et les règles élémentaires qui régissent toute action diplomatique sont foulés aux pieds pour faire plaisir à un prince en construction dans un projet monarchique inavoué, il est parfaitement raisonnable que les patriotes soient heurtés et se lèvent pour la dénoncer et la combattre. Le Sénégal a une riche tradition démocratique et les Sénégalais votent depuis 1848. Ils sont bien décidés à protéger ce qui a été construit par des grands hommes d'État, préoccupés par le seul intérêt de la majorité des Sénégalais, soucieux du jugement implacable de l'Histoire. J'aime rappeler le mot de Victor Hugo à l’intention de nos dirigeants politiques : « Les grands hommes font leur propre piédestal ,l’avenir se charge de la statue ».

Propos recueillis par Barka Isma BA
Source Le Populaire

Vendredi 28 Mai 2010


lundi 3 mai 2010

Notto - La revitalisation de la vallée du Diobass, une priorité pour les populations

Projet de gestion durable des terres : La revitalisation de la vallée du Diobass, une priorité pour les populations
Une politique de gestion durable des terres dans le Diobass devra passer par une prise en compte effective de la question de la revitalisation de cette vallée et de la restauration de ses terres. Voilà pourquoi elles font partie des axes prioritaires retenus dans la communauté rurale de Notto.

(Correspondance) - La revitalisation de la vallée du Diobass ainsi que la restauration des terres bordant cette vallée, font partie des axes prioritaires retenus par les populations de Notto, lors de la présentation du projet dit de gestion durable des terres. Lequel projet entend, dans sa phase test, s’investir dans la communauté rurale de Notto Diobass. Aussi le Comité local de développement (Cld) présidé par l’autorité administrative sur initiation de l’Institut national de pédologie, maître d’œuvre, s’est-il penché sur les tenants et aboutissants du projet de gestion durable des terres. Il s’agit, avec ce projet, de travailler en relation avec les populations à la restauration et la protection des terres. Car, de l’avis de François Mendy qui présentait le projet, le constat est que deux tiers des terres cultivables connaissent une dégradation très avancée. Laquelle dégradation est, selon lui, largement tributaire des actions de l’homme, du changement climatique ainsi que de la raréfaction des pluies, sans compter l’exploitation abusive des terres. D’où, poursuit-il, l’urgence de mettre en place un système de gestion participative apte à une meilleure gestion. Aussi et en plus des populations bénéficiaires, le projet devrait s’investir en partenariat avec des organismes comme l’Isra, l’Ancar, et l’Asprodeb.

Toutes composantes autour desquelles devra se constituer un cadre dit d’investissement stratégique pour une bonne prise en charge des huit communautés rurales retenues dans la phase test du projet, mais aussi pour une bonne cohérence des différents projets intervenant dans le même domaine de gestion des terres au sein des collectivités ciblées par le projet. Ce cadre qui, selon François Mendy, devrait faire l’objet d’un décret, aura comme mission de faire en sorte que la gestion durable des terres soit prise en compte dans le budget de l’Etat sénégalais afin d’assurer sa pérennisation.

Cette dernière précision répond à une des préoccupations soulevées par le Comité local de développement et relatives à la crainte de voir ce projet faire long feu à l’instar de tous ceux qui l’ont précédé. Des projets qui s’investissent un temps pour disparaître comme ils étaient venus, sans aucun impact sur la vie des populations.

Toutefois, à l’instar de Ndèye Fatou Ndiaye, responsable du Cadre local de concertation des organisations de producteurs (Clcop), les populations sont d’avis que le projet de gestion des terres peut constituer une réponse favorable aux difficultés auxquelles elles font face. Des difficultés qui ont pour nom la faiblesse des rendements en matière de production agricole. Mais, précisent-elles, pour l’atteinte des objectifs du projet, il faudrait qu’un accent particulier soit mis sur la revitalisation de la vallée du Diobass qui a, de tout temps, représenté le poumon économique de l’ensemble des cinquante-sept villages composant le Diobass. Laquelle vallée a commencé à se dessécher vers les années 70. Et selon Cheikh Sène, conseiller rural et producteur, cette situation n’est que la conséquence de la déforestation du plateau de Thiès. Car, avec la disparition de la forêt, il n’y a plus suffisamment de plantes et de racines pour retenir l’eau de pluies. Ainsi, faute de condition favorable à une bonne infiltration, l’eau ruisselle sur tout le plateau, lessivant toutes les terres arables et créant des ravinements qui rendent les terres impraticables. Sans compter l’effet d’ensablement de la vallée qu’elle occasionne. Pour dire, selon lui, qu’une bonne politique de gestion durable des terres dans le Diobass devra passer par une prise en compte effective de la question de la revitalisation de ladite vallée et de la restauration de ses terres.

Piloté par l’Institut national de pédologie, le projet de gestion durable des terres s’investit dans les communautés rurales de Notto Diobass et Méouane dans le département de Thiès, Niakhar et Fimela dans celui de Fatick, Lat Mbengué à Kaolack, Touba Mouride à Diourbel et Nganda à Kafrine. Il est financé par le Fonds mondial de l’environnement pour une enveloppe d’un peu plus de 2 milliards de francs Cfa pour une durée de trois ans.

Sidy DIENG