dimanche 28 mars 2010

Atouts d’une victoire Présidentielle en 2012 pour Benno Siggil Sénégaal

[Contribution de Alioune SARR publiée le lundi 12 décembre 2009 dans www.nettali.net, www.seneweb.com, SudQuotidien]

Une élection présidentielle, c’est connu, se gagne véritablement à travers une intelligente articulation entre les trois leviers suivants :

1. Une structure politique de relais auprès du peuple,

2. Un projet politique crédible, audible et accessible,

3. Un leader charismatique, animateur d’une équipe, pour communiquer avec le peuple.

De toute évidence, la Coalition Benno Siggil Sénégal dispose du premier levier, puisqu’elle est objectivement une réalité politique qui dispose de puissants relais auprès des millions de sénégalais.

Tout d’abord, cette coalition dispose d’un vivier rural, municipal et régional de plusieurs milliers d’élus répartis sur le territoire national. Ensuite, ses représentants sont élus à la tête des principales collectivités locales du pays dont la capitale, pourvoyeuses d’emplois publics et disposant de budgets locaux cumulés de plusieurs dizaines de milliards de Fcfa. Enfin, l’ensemble des électeurs de ces collectivités locales, correspond à plus de 66% de l’électorat national : Dakar (31%), Kaolack (09%), Diourbel (08%), St Louis (07%), Louga (06%), Fatick (05%).

Cette situation assez inédite dans l’histoire politique du Sénégal, est sans nul doute une lourde responsabilité pour cette coalition. En effet, c’est une tâche d’Hercule pour ces nouveaux élus, que de relever les défis d’une forte demande sociale locale, dans une situation de déliquescence et d’insuffisance des moyens des collectivités locales. A cela il faudra ajouter toutes les peaux de banane glissées par le pouvoir exécutif PDS (les exemples de la gestion des inondations et des secours aux indigents, sont assez édifiants) et le zèle d’une partie de l’administration territoriale, qui traîne les pieds dans le contrôle de légalité.

Que ces nouveaux élus fassent confiance au peuple sénégalais qui les a élus et qui est parfaitement conscient que les choses ne se feront pas du jour au lendemain. En revanche, ce qu’il attend d’eux, c’est une gestion de proximité, un langage de rupture et de vérité, une transparence dans la gestion des affaires publiques locales et des efforts constants pour améliorer leur situation socio-économique. A cet effet, il serait souhaitable que ces nouveaux élus instaurent une gestion participative des collectivités locales avec la mise en place d’indicateurs de mesure simples, fiables et accessibles, dans tous les secteurs de base : éducation, santé, assainissement, électrification, hydraulique ou foncier. C’est ainsi que les élus locaux seraient avisés d’initier la participation des populations aux débats d’orientation budgétaire et d’organiser chaque année au moins, des foras de présentation de leurs comptes de gestion.

En même temps, il appert que ce levier du vivier municipal et rural, offre un énorme avantage politique pour Benno Siggil Sénégal, dans la perspective de la prochaine élection présidentielle. Car, mettre en mouvement tout cet arsenal politique, en faveur d’un candidat, d’une équipe et d’un projet, ne peut qu’aboutir à la victoire finale. Aucun parti politique pris individuellement, ne peut prétendre à autant d’atouts. Ces atouts ont prospéré ailleurs. C’est ainsi que dans certains pays démocratiques, des hommes politiques sont devenus Présidents de la république à partir de rampes de lancements que sont les collectivités qu’ils ont dirigées : Sarkozy à Neuilly, Chirac à Paris, Traian Băsescu à Bucarest, Marc Ravalomanana à Antananarivo. Même si je reconnais que comparaison n’est pas raison. Soit.

Par ailleurs, par ce levier, Benno Siggil Sénégal pourra combler les énormes manquements dans la surveillance du processus électoral, qui ont été constatés lors de la dernière élection présidentielle de 2007, en particulier dans la mobilisation des 50.000 représentants dans les bureaux de vote. Mais il s’agira plus globalement d’assurer une présence vigilante dans des phases décisives du processus électoral : révision et publication des listes électorales, distribution des cartes d’électeurs, publication de la carte électorale aux partis avant le vote, supervision des 13.000 bureaux de votes, récupération de procès verbaux, gestion des recours et des contentieux à temps opportun.

Sur ce, je voudrais appeler les partis membres de Benno Siggil Sénégal, à plus de vigilance particulièrement sur l’évolution du fichier électoral, en particulier lors des prochaines révisions de listes électorales, dans les régions Sud et Nord et surtout dans le monde rural. En outre, les récentes opérations de syndicalisation des paysans, pourraient bien inspirer ‘’certains malins à tenter des opérations suspectes’’. Par ailleurs, l’opération de modification du code électoral, récemment lancée par le Ministère de l’intérieur devra être abordée avec sérénité et vigilance, mais dans la fermeté des positions pour défendre les principes d’une gouvernance démocratique au Sénégal.

En effet, le code électoral regroupe, au Sénégal, les dispositions législatives et réglementaires relatives aux élections politiques : élection présidentielle, élections législatives, élections C.E.N.A.oriales, élections rurales, municipales et régionales. Récemment, l’opinion publique apprend ahurie, la démission forcée du Président de la C.E.N.A.., suite à une audience à lui accordée par le Président de la République. Or, dans son article L.4, le Code électoral stipule « Les membres de La C.E.N.A sont nommés pour un mandat de six (06) ans renouvelable par tiers tous les trois (03) ans. Et dans l’exercice de leurs fonctions, les membres de La C.E.N.A ne doivent solliciter ni recevoir d’instructions ou d’ordre d’aucune autorité publique ou privée. » Dans son article L.6, il stipule « Il ne peut être mis fin avant l’expiration de son mandat, aux fonctions d’un membre de la C.E.N.A que sur sa demande ou pour incapacité physique ou mentale, dûment constatée par un médecin désigné par le conseil de l’Ordre, après avis conforme de la C.E.N.A ».

A l’évidence aucune de ces dispositions n’a été respectée lors de la démission de l’actuel président de la CENA. C’est cette flagrante violation de la loi électorale qui devrait mobiliser les acteurs politiques et civils et non la modification de l’actuel code électoral, qui de toute façon, subira le même sort que ces prédécesseurs.

Le silence presque assourdissant qui a accueilli cette démission forcée du président de la C.E.N.A.., nous renseigne sur notre grande capacité d’absorption de couleuvres émanant de nos gouvernants. Et finalement, il serait juste de s’interroger sur l’utilité d’élaborer des lois électorales, dès lors qu’il est loisible au pouvoir exécutif, de les violer en usant divers moyens de pression que leur confèrent les privilèges dus à leurs rangs.

En réalité, ces insuffisances doivent finir de convaincre l’opposition que sa survie dépendra des rapports de force qu’elle imposera aux PDS et à ses alliés sur le terrain politique.

C’est pourquoi, l’opposition « Benno Siggil Sénégal » devra d’abord mobiliser tous les élus portant ses couleurs, au premier rang desquels les présidents de conseils ruraux, les maires et les présidents des conseils régionaux. Ils devront se mettre en mouvement et mobiliser les populations dans l’adhésion au « projet Benno » et dans la sécurisation et la protection du processus électoral.

Le second levier d’une victoire à l’élection présidentielle est le projet politique à proposer à nos compatriotes. Les travaux des assises nationales, ont abouti à l’élaboration de la charte de gouvernance démocratique, qui trace les grandes orientations dans les domaines politique, économique et sociale. Il va falloir à présent lui donner une forte coloration politique pour qu’il soit identifiable par le citoyen sénégalais comme le « projet Benno ».

Il s’agit Hic et Nunc, de démarrer une vaste campagne de communication avec les sénégalais sur les grandes lignes du « projet Benno ». Il s’agira de réussir l’orchestration du projet, sa mise en musique avec des partitions connues des sénégalais. Il est utile de rappeler une donnée intangible que toute communication présente toujours deux aspects, un contenu et une relation. Le contenu ici sera bâti sur la charte de gouvernance démocratique. La relation est à construire entre le peuple sénégalais et le porteur du projet de la coalition, qui sera son candidat unique, qui sera de préférence un leader charismatique, animateur d’équipe et qui sait soulever les foules. Il portera cette communication avec le peuple sénégalais. Pour éviter toute cacophonie qui aurait un effet boomerang, il sera le principal émetteur communicationnel de la coalition et portera un message audible auprès des sénégalais, car c’est lui qui sera élu. Son message devra être solidement articulé avec le « projet Benno ». Ensuite, toute l’équipe autour du leader, assurera le relais communicationnel en occupant tous les espaces, et ne laissant aucun répit à l’adversaire libéral, qui a plusieurs flèches dans son arc et que le « candidat Benno » aurait tort de sous estimer, malgré son immense impopularité !

Apres la victoire, il va falloir mettre en œuvre le projet ainsi présenté ainsi que toutes les reformes institutionnelles associées, qui devront évaluées, chiffrées et planifiées. C’est pourquoi, je fais partie de ceux qui ne croient pas à un régime de transition dont la durée serait inférieure à celle du mandat constitutionnel, même si par ailleurs, le prochain mandat devra être une transition vers l’instauration d’une nouvelle république avec une nouvelle armature institutionnelle, fruit d’une profonde aspiration du peuple sénégalais après des décennies de doute. Car j’estime qu’un peuple majeur, qui élit ses dirigeants sur la base connue d’un mandat et d’un projet clairement identifié, s’attend à ce que ce projet soit réalisé dans le délai imparti, sauf s’il est consulté à nouveau par voie référendaire lorsque des situations menaçant l’unité nationale l’exigent. Et l’expérience montre que les réformes d’envergure, qui impactent durablement la marche de la nation, peuvent difficilement se réaliser dans un espace inférieur à cinq (05) ans.

Une telle démarche de l’opposition qui consiste à présenter un candidat qui démissionnera avant la fin de son mandat, risque de leur faire perdre l’élection présidentielle. Elle pose en gros trois problèmes majeurs : d’abord un risque de déni démocratique : comment peut-on, par anticipation inviter à la démission un sénégalais qui serait élu au suffrage universel direct par ses concitoyens, sans prendre le risque de discréditer durablement ce mode de dévolution du pouvoir, consacré par la Constitution et qui sacralise le transfert de souveraineté du peuple vers un son élu ? Rappelons nous que dans un système démocratique Vox populi, vox Dei, pour traduire la prééminence de l’avis du peuple sur toute autre considération ou acte.

Le second problème que cette démarche pose, est qu’il sera difficile de communiquer avec le peuple sur « un candidat de transition ». Le candidat du PDS ne se privera pas de fusiller à tout bout de champ le « candidat provisoire Benno » ; la coalition risque de gaspiller beaucoup d’énergie à convaincre les électeurs sur le bien fondé de la transition, et se détournera de l’essentiel qui est d’amener les sénégalais à se débarrasser de ce régime PDS de destruction nationale.

Enfin, élu, son « pouvoir de transition » risque d’être un lieu d’intrigues, de manœuvres et de torpilles de toutes sortes, dans le sens des intérêts des uns et des autres qui souhaiteront positionner leur candidat à la fin de la transition. Les missions de la transition risquent d’être plombées par des intérêts partisans, faisant perdre au Sénégal, énormément de temps, d’énergie et des ressources publiques. Alors qu’il y’a des urgences dans tous les secteurs !

A mon avis, on peut éviter la tragédie des dérives liberticides du PDS, en engageant durant le prochain mandat, tous les chantiers de reformes souhaitées par la transition comme l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle Constitution, le rééquilibrage des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire tout en préservant la crédibilité du suffrage universel.

Certains me rétorqueront que, le régime de transition permettra à la coalition Benno Siggil Sénégal de différer les querelles sur les ambitions personnelles : mais comment convaincre le peuple que Benno Siggil Sénégal pourra faire des choix hautement plus difficile, sur des sujets comme le démantèlement des réseaux mafieux qui infectent aujourd’hui l’espace publique ?

En plus, la question pour un leader politique de respecter ses engagements, relève plutôt de son attachement à l’éthique et à la morale publique et non aux multiples « garrots politiques et institutionnels » qui lui seront appliqués. C’est pourquoi, le critère de l’éthique et de la morale publique, devrait être déterminant dans le choix du leader qui portera les couleurs de la coalition.

Si, au sein de la coalition, on considère qu’aucun parmi les leaders n’est en mesure de s’en tenir aux engagements qu’il aura actés avec ses pairs et contresignés par un jury d’honneur représentatif, alors le peuple sera bien fondé à émettre les même réserves sur la coalition Benno Siggil Sénégal. Et ses adversaires de s’en donner à coeur joie, au grand dam des millions de sénégalais qui portent un énorme espoir pour cette coalition !

Le troisième levier pour gagner une élection présidentielle, est le choix d’un leader charismatique.

Apparemment, c’est le levier qui semble poser un souci à la coalition Benno Siggil Sénégal. Ce qui ne devait pas être le cas. En effet : « Une élection présidentielle ne relève pas d’une simple arithmétique électorale mais d’une alchimie entre un homme et un peuple », révélait un célèbre homme politique français.

Sauf à considérer que le Sénégal est une démocratie à part entière, cette assertion vérifiée dans la plupart des systèmes démocratiques, est aussi valable dans notre pays. Cette alchimie entre le leader choisi et le peuple, est une voie inéluctable surtout dans un pays à majorité rurale, analphabète et pauvre, où la notion de « Ndjiite », de « Kilifa », de « Kifi Nekk », de « Borom deuk Bi » sont des réalités objectives ancrées dans le subconscient collectif. Certes, la tragédie libérale a échaudé plus d’un. Mais ne perdons pas de vue des évidences démocratiques. Les peuples ont besoin de connaître, d’identifier, de s’identifier et d’être rassurés par l’homme ou par la femme qui compte les diriger.

Le choix du « candidat qui portera les couleurs du Benno », devra se faire dans une démarche qui met en avant l’intérêt du Sénégal, privilégie le consensus et met l’accent sur les compétences intrinsèques des candidats sur le plan humain et dans la gestion des affaires publiques. Le choix se ferait alors à travers des critères universellement reconnus et qui tiennent compte des réalités historiques, sociologiques et politiques du Sénégal. Dans une élection présidentielle qui désignera celui qui occupera la fonction de chef de l’Etat, il me parait juste, que la connaissance de l’Etat, soit le premier critère déterminant et discriminant. Ensuite, c’est le gouvernement qui dirige l’Etat. Il serait donc souhaitable que la connaissance du gouvernement soit aussi un critère déterminant. Le gouvernement étant responsable par ses actions devant les citoyens, le leader choisi devra disposer d’un fort ancrage politique local : être capable de gagner ou de faire gagner une région au moins, de préférence une parmi les ‘’Big Seven’’, que sont Dakar (31%), Thiès (13%) Kaolack (09%), Diourbel (08%), St Louis (07%), Louga (06%), Fatick (05%). . Enfin, puisque sa parole pèsera lourdement sur la gestion des affaires publiques, son éthique, son intégrité et sa moralité publique, devront être attestées par ses pairs et par des sources reconnues et dignes de foi. En outre, il devra disposer de certains critères personnels classiques nécessaires à un bon leader comme la crédibilité, le bon jugement, la capacité d’initiative, la capacité d’innovation, le sens de l’organisation, la capacité à imposer une décision d’intérêt général, la capacité à faire adhérer à des valeurs, la capacité à créer et entretenir des réseaux nationaux et internationaux, en particulier une faculté à rediscuter nos accords et engagements avec les bailleurs de fond et les partenaires au développement. Le leader devra être un rassembleur, un homme de dialogue et de consensus et un animateur d’équipe. Il devra être capable de mobiliser autour de lui toutes les forces vives de la Nation, en particulier les parties prenantes aux assises nationales, qui ont eu à élaborer la charte de gouvernance démocratique, socle du futur projet de société.

A l’évidence, un tel profil existe bien au sein de la coalition Benno Siggil Sénégal. S’il en existe plusieurs, alors il va falloir les mettre en conclave dans une salle. Alors là, tous les patriotes seront suspendus en prière au balcon de l’infatigable travailleur de la démocratie Amath Dansokho, en attendant impatiemment qu’il nous annonce : Annuntio vobis gaudium magnum : Habemus princeps cipis * « Je vous annonce une grande joie : nous avons un chef d’Etat. »

En définitive, Benno Siggil Sénégal, dispose assurément des atouts pour gagner en 2012, s’il maintient de ses principales composantes. Ceux parmi ses leaders qui prendront la responsabilité de « casser la dynamique unitaire Benno », assumeront devant l’histoire et devant le peuple sénégalais, une lourde responsabilité qui restera gravée dans la mémoire collective.

Alioune SARR

aliounesarr99@gmail.com

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Annuntio vobis gaudium magnum : Habemus princeps cipis * Empruntée à la célèbre locution latine : Annuntio vobis gaudium magnum : Habemus Papam,

Suppression du second tour de l'élection Présidentielle au Sénégal 2012: Un pas de plus dans l’abîme

[Contribution de Alioune SARR publiée le lundi 12 décembre 2009 dans www.nettali.net, www.sununews.com, WalFadjri]

Ainsi donc, si rien n’est fait, le régime des libéraux du PDS envisage encore de modifier la loi constitutionnelle, en supprimant le second tour de l’élection présidentielle 2012. Il s’agirait pour ces orfèvres politiques, d’opérer une modification de l’article 26 de la Constitution du 22 janvier 2001 qui dispose que « le président de la République est élu au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire à deux tours » et le remplacer par « le président de la République est élu au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire à un tour »

Après la modification de l’article 27 de la Constitution, qui a fait passer le mandat présidentiel de 5 ans à 7 ans, me direz-vous, ce sera le Nième acte de mal gouvernance de ce régime, qui a fait du reniement des ses engagements publics et du tripatouillage constitutionnel, le socle de sa folle gouvernance.

Le 12 août 2008, j’avais alerté mes compatriotes, dans un article publié dans la presse et intitulé « SENEGAL – Un système démocratique à reconstruire. Alea Jacta Est ». Dans cet article, je disais qu’à la suite de la modification de l’article 27 de la Constitution, que « Si rien n’est fait, alors la voie est ouverte à tous les abus, et la question de savoir quelle sera la prochaine étape ne sera pas superflue ».

Hélas, les faits sont en train de me donner raison. Nous y sommes, cette triste étape, en attendant peut-être la prochaine !

« Il est parfois nécessaire de changer certaines lois mais le cas est rare, et lorsqu’il arrive, il ne faut y toucher que d’une main tremblante », nous confiait Montesquieu. En revanche, nous devrons définitivement nous convaincre qu’avec ces libéraux du PDS, il s’agira toujours, d’une main ferme, de changer constamment les lois, surtout la Loi fondamentale.

C’est par la voix de sa frange jeune, portée par Aliou SOW responsable de la fameuse « école du Wadisme », que ce régime des libéraux du PDS nous fait l’annonce. Sans gêne, ces jeunes nous disent « qu’ils veulent promouvoir un scrutin majoritaire à un seul tour pour la prochaine élection de 2012. Ce nouveau mode permettra, selon ce mouvement, de faire des économies mais aussi d’assainir l’espace politique avec la réduction du nombre de parti » Et le comble de l’ironie, ils ajoutent : « Pouvons-nous continuer à demander au Trésor public de décaisser des milliards pour financer un scrutin majoritaire à deux tours ? Nous disons non ».

Ce raisonnement lugubre aurait pu passer inaperçu, s’il émanait du seul porte parole de cette « école du Wadisme », un illustre inconnu du landerneau politique sénégalais.

Mais lorsque Aliou Sow, Ministre de la République, qui dirige cette « école du Wadisme », s’en prend vertement à son collègue Kalidou Diallo, qui aurait exprimé des réserves justifiées au demeurant, sur cette abominable idée, en arguant que « sa capacité de compréhension est limitée,... et qu’il ne saurait rien des fondements et des orientations de la suppression du second tour ... et que tôt ou tard il finira par épouser l’idée (journal AS du samedi 19 septembre 2009) », et qu’aucune voix autorisée ne lui porte la moindre réplique, alors je me suis dit : la meute est lancée !

Face à autant de désinvolture et tant de légèreté dans les actes posés par ces dirigeants au sommet de l’Etat, tout démocrate est fondé à s’interroger sur les intentions réelles de ces hommes qui nous dirigent. En effet, que des ministres, qui se retrouvent toutes les semaines en conseil des ministres, et dont les équipes collaborent tous les jours, se donnent en spectacle de manière aussi peu courtoise pour ne pas dire plus, illustre le peu de considération accordée aux institutions de la République par les hommes qui les incarnent.

Rappelons tout de même, que l’Education gérée par Monsieur Kalidou Diallo est une compétence transférée aux collectivités locales sous la charge de Monsieur Aliou Sow ! La motivation et la synergie des équipes des deux ministères, prendront un sacré coup ! En réalité, ce sont les pauvres populations des collectivités locales qui paieront encore la facture de ces actes de mal gouvernance.

Mais revenons un peu sur les arguments, évoqués par ces « écoliers du Wadisme » : le coût de l’élection, la simplification de l’espace politique et la référence à de grandes démocraties comme les Etats Unis. A propos des économies qui seraient générées par ce projet : Ou étaient ces jeunes, lorsqu’il y a eu les 109 milliards de « dépassements budgétaires » ? Les a t-on entendus se prononcer sur la nécessité d’un audit financier et technique indépendant de la gestion des centaines de milliards dépensés par l’Anoci ? Mais ce serait trop demander à des « écoliers ».

Le coût d’une élection présidentielle au Sénégal, tourne autour de 10 milliards de Fcfa. Avec ces « dépassements budgétaires », le Sénégal pourrait organiser dix élections présidentielles ! De quoi choisir ses dirigeants pendant 70 ans.

En réalité dans le choix de bons dirigeants pour nous gouverner, il est ridicule et puérile de parler d’économiser 10 milliards. Si ces « écoliers du Wadisme » tiennent vraiment à faire des économies, je leur suggère quelques pistes connues de tous : la suppression des agences nous ferait économiser pas moins de 100 milliards par an ; ou alors, supprimer le conseil économique et social et le Sénat, qui sont des institutions budgétivores et inutiles.

Donc messieurs de « l’école du Wadisme », cet argument sur l’économie est assez léger. Il ne signifie rien du tout !

Au sujet de la vertu d’une simplification et d’une clarification de l’espace politique en deux ou trois pôles politiques. Tant que vous y êtes, pourquoi ne pas interdire les partis politiques et organiser une élection à un seul tour avec un seul parti le PDS ?

Là aussi vous faites erreur ; je vous invite à faire confiance à ce vaillant peuple sénégalais qui a prouvé maintes fois, qu’il sait distinguer la bonne graine de l’ivraie. Ce peuple saura, le moment venu, quelque soit le nombre de partis politiques, faire un choix dans la clarté et renvoyer dans l’opposition, même un parti unique dans une élection à un seul tour !

Cela ne veut nullement pas dire, qu’il ne faille organiser tout ce charivari des partis politiques au Sénégal. Mais cela doit se faire dans une large concertation nationale, voire même dans le cadre d’un referendum sur la question.

Enfin la référence à des pays avancés comme les Etats Unis, ou l’élection présidentielle est uninominale à un tour. Ah tiens, tiens ! Maintenant vous vous rappelez des vertus de la démocratie américaine. L’élection présidentielle américaine est un scrutin indirect, ou le Président et le vice-président sont élus par un collège électoral, constitué des grands électeurs élus au suffrage universel dans chaque État. Le mandat dure 4 ans et le Président ne peut se représenter qu’une seule fois.

Aviez vous oublié tous ces éléments, lorsque vous modifiez l’article 27 de la Constitution ? Certainement pas. Mais connaissant le mode de fonctionnement du PDS, on pourrait sans doute deviner que n’eut été la perte des élections locales du 22 mars, vous aurez sans doute eu a proposer également d’autres amendements, comme l’élection présidentielle au suffrage indirect, par les élus locaux... e tutti quanti. A vrai dire, toutes ces contorsions intellectuelles prouvent aux observateurs avertis, que « vous parlez en démocrates, mais agissez en autocrates » pour citer un célèbre homme politique sénégalais.

Cependant, n’oubliez jamais que le Sénégal a construit sa cohésion et sa stabilité, entre autres facteurs, sur le fait que les différents segments de la société, se retrouvent dans cette large diversité politique. Faites attention, ne tentez pas le diable. Ne réveillez pas du Fitna dans le pays !

En tout état de cause, messieurs les « écoliers du Wadisme », un chamboulement de la charpente sociale, garant de la stabilité du pays, qui serait né de vos expérimentations politiques, ne vous épargnera pas !

Au lieu de nous entraîner dans une nouvelle aventure, je vous invite plutôt à aller dans le sens de renforcer la démocratie sénégalaise. Faites des propositions dans la fiabilisation et dans la sécurisation de l’état civil et du processus électoral. Vous contribuerez ainsi au renforcement de la sécurité nationale, et permettre à tout sénégalais qui le souhaite, de disposer d’un état civil fiable et de pouvoir jouir d’un droit constitutionnel, qu’est le droit de vote.

Voilà, un vrai défi que le régime libéral du PDS n’est pas encore parvenu à relever.

Lorsque les projets de loi, qui impactent notre loi fondamentale, sont portés par des jeunes « écoliers », n’ayant fait aucune analyse historique, ni sur les réflexes politiques des sénégalais, encore moins sur les ressorts sociaux qui les sous-tendent, et pour qui, l’avenir se résume au présent, alors nous sommes véritablement fondés à nous inquiéter. Alors, nous pouvons méditer cette expression latine « Iuventus stultorum magister » pour dire que « la jeunesse est le professeur des fous ».

A ceux qui seraient tentés de suivre dans cette aventure, cette jeunesse des « écoliers du Wadisme », nous disons : attention messieurs, la folie vous guette.

Toutefois, puisque les historiens connus du camp libéral tardent à le faire, je voudrais rappeler à ces « écoliers du Wadisme », que le Sénégal a une riche tradition démocratique et que les sénégalais votent depuis 1848, l’année ou fut porté son premier élu au palais Bourbon, du nom de Barthélemy Durand VALENTIN. Ensuite le 10 mai 1914, Blaise Diagne a été élu, consacrant l’arrivée du premier noir au palais Bourbon. De 1946 a 1960, le Sénégal a connu dix (10) élections, dont l’élection du premier Président de la république le 05 septembre 1960. Depuis 1960, le Sénégal a connu douze (12) élections dont huit (08) élections présidentielles au suffrage universel.

Donc messieurs les « écoliers du Wadisme », sachez que le peuple sénégalais vote depuis 161 ans ! Dieu soit Loué ! Notre pays a été épargné des 176 coups d’Etats intervenus en Afrique de l’Ouest depuis 1960. Il partage cette singularité avec un seul pays : le Cap Vert.

Pensez-vous que tout ceci est le simple fruit du hasard ? Assurément non. Des hommes et des femmes patriotes, qui avaient éloigné leurs familles de la gestion des affaires publiques, préoccupés par l’intérêt de la majorité des sénégalais, soucieux du jugement implacable de l’histoire, ont eu le mérite de construire patiemment tout cet édifice.

Sous ce regard, vous observerez donc, que ce peuple a un vécu historique, a suivi une longue trajectoire politique et dispose d’une mémoire collective féconde.

Ce projet de suppression du second tour de l’élection présidentielle de 2012, est abject. C’est un crime démocratique abominable. Abandonnez le ! Pensez à l’image que vos leaders et vous même, laisseraient à la postérité. Méditez cette phrase de Victor Hugo qui disait, je le cite « Les grands hommes font leur propre piédestal ; l’avenir se charge de la statue ».

Alioune SARR

Sénégal – Un système démocratique à reconstruire.

[Contribution de Alioune SARR publiée le 12 août 2008 dans SudQuotidien, www.leral.net, www.afp-senegal.org, www.seneweb.com, www.senjournaux.net]


Alea Jacta Est1

Ainsi donc le PDS et son Secrétaire général, Maître Abdoulaye WADE, ont osé modifier l’article 27 de la Constitution, faisant passer le mandat présidentiel de cinq à sept ans, sans soumettre le projet au référendum comme l’indique pourtant clairement la loi.

La loi n ° 2001-03 du 22 janvier 2001 portant Constitution de la République du Sénégal promulguée et publiée dans le journal officiel n° spécial 5963 du lundi 22 janvier 2001, stipule dans son article 27 « La durée du mandat du Président de la République est de cinq ans. Le mandat est renouvelable une seule fois. Cette disposition ne peut être révisée que par une loi référendaire ».

Le sort en est jeté !

Pour quel motif officiel ? « Une durée si courte laisse à peine le temps au chef de l’Etat nouvellement élu de trouver ses marques et de commencer à mettre en œuvre son programme avant de se retrouver dans la pré-campagne électorale pour le scrutin présidentiel suivant » dixit le Ministre de la Justice.

Naturellement cette affirmation ne résiste à aucun argument sérieux et crédible : le Sénégal serait-il plus compliqué à gérer que les Etats-Unis d’Amérique ou la France, où les mandats présidentiels sont respectivement de quatre ans et de cinq ans ?

Les constitutionnalistes sérieux de ce pays ont dit et expliqué la loi : «Hors de la voie référendaire, les Députés violeront la loi», affirme l’éminent professeur de Droit constitutionnel, Ismaïla Madior Fall. C’est d’une clarté limpide, sans aucune équivoque. Il faut rendre hommage à ces juristes lucides et honnêtes, à la hauteur de leur réputation, pour le service qu’ils rendent au peuple malmené.

Mais, la simple analyse des raisons invoquées par les tenants du pouvoir nous édifie encore sur la faiblesse de l’argumentaire.

Avant tout, évacuons l’argument qui consiste à dire « le PS l’a fait avant nous », contre l’avis de son principal opposant d’alors : Me Abdoulaye WADE ! Cet argument ne signifie rien du tout. L’alternance avait justement pour objectif de ne pas répéter les mêmes erreurs, de ne pas renouveler les actes qui avaient été décriés !

D’abord, un mandat présidentiel de cinq ans pourrait avoir comme conséquence positive une saine émulation entre tous les partis politiques qui aspirent à diriger notre pays, en les obligeant à mieux se préparer à l’exercice du pouvoir, et à ne pas attendre d’être aux responsabilités « pour trouver leurs marques ».

Ensuite, c’est une drôle de conception que de considérer l’Etat comme un lieu d’apprentissage pour des dirigeants politiques ! Ce n’est pas le rôle de l’Etat. Ceux qui, une fois élus, n’auront pas fait les résultats escomptés, arrivés à l’échéance fixée, seraient démocratiquement sanctionnés : le peuple, alors, choisirait de nouveaux dirigeants, mieux préparés et moins bavards. Quoi de plus naturel en démocratie ?

De surcroît, accepter cet argument voudrait dire que les vingt-six années d’opposition de Me Wade, ponctuées par des entrées successives dans des gouvernements socialistes, n’ont pas été judicieusement utilisées pour lui permettre d’asseoir une connaissance suffisante de l’Etat ! Ce serait, de la part de ses partisans zélés, lui faire offense, lui « le Président le plus diplômé d’Afrique ».

Enfin, une dernière chose sur cet argument officiel : un Président est-il élu pour trouver des solutions aux problèmes qui assaillent le peuple, ou alors doit-il consacrer une partie de son mandat à la préparation d’une pré-campagne électorale ? La réponse coule de source.

A l’évidence, les arguments officiellement avancés ne semblent pas être les véritables motifs de ce tripatouillage constitutionnel.

Au-delà du fait de constituer une violation flagrante de la loi fondamentale de notre pays, cette modification de l’article 27 de la Constitution est un acte honteux, qui tord le cou à l’éthique et à la morale républicaine.

En effet, le quinquennat a été un engagement de la coalition qui a porté Me Wade au pouvoir en 2000 ; il a, en outre, été inscrit dans la Constitution votée massivement lors du référendum de 2001. Qu’est-ce qui a changé, en l’espace de huit ans pour ce peuple qui l’avait approuvé, et qui justifie ce revirement ? Absolument rien !

Ensuite, le Sénégal vient allonger la liste peu honorable des rares pays au monde qui ont choisi de rallonger leurs mandats présidentiels jusqu’à sept ans : le Gabon, le Cameroun et…le Sénégal. Les patriotes jugeront de la pertinence de rejoindre cette liste !

Enfin, le monde a changé ; les nouvelles technologies sont devenues partie intégrante de la gestion d’un Etat moderne. Il est curieux qu’Abdoulaye Wade qui gère le volet NTIC, dans le cadre du NEPAD, soit celui qui nous ramène à des modes de gouvernance à l’ancienne, alors que les progrès énormes des technologies permettent aujourd’hui de gagner en rapidité et en performance.

Donc rien, du point de vue de la gestion moderne de l’Etat du Sénégal, compris à la fois comme entité politique et administrative, ne justifie l’allongement de la durée du mandat présidentiel. Les gouvernants tirent leur légitimité du peuple et les fonctionnaires sont soumis à la règle de la continuité de l’Etat. A la fin de chaque échéance, le peuple renouvelle en toute connaissance de cause ses dirigeants, mais les fonctionnaires continuent de faire leur travail, conformément à leur statut. Où est donc est le problème pour un Président élu, censé être au service exclusif du peuple, sur la base connue d’avance d’un mandat de 5 ans ?

A supposer que des situations exceptionnelles que le peuple ne percevrait pas de prime abord, justifient cette modification, l’humilité aurait été de s’en remettre à son appréciation souveraine par référendum. Pourquoi donc, ces hommes censés nous gouverner sont-ils si allergiques à l’idée de s’en référer au peuple souverain qui leur a délégué son pouvoir et dont ils ont à charge de défendre les intérêts ? Sans aucun doute ont-ils à l’avance une connaissance du sort qui serait réservé à ce funeste projet.

Peut-être aussi que l’explication se trouverait dans cette phrase de SÉNÈQUE qui disait : « Il n'y a plus guère de remède au mal, quand les vices d'hier sont devenus les moeurs d'aujourd'hui ». Lorsque le reniement de ses propres engagements devient un mode de gouvernement d’un pays, il y a lieu de s’inquiéter.

Avec la modification de l’article 27 de la Constitution, c’est un vrai défi et un test majeur qui sont lancés au peuple sénégalais et à sa démocratie : le défi est sa capacité à défendre ses acquis démocratiques ; le test son aptitude à comprendre les enjeux et à s’approprier les textes de loi qui déterminent son présent et son avenir. Comment comprendre un seul instant que, huit années seulement après le référendum, les gouvernants, qui représentent le peuple et sont les initiateurs de la loi, et les rédacteurs de cette même loi soient en désaccord dans l’interprétation de l’article 27 de la Constitution ?

Quelle est la finalité politique de cette loi ? A qui profite t-elle ?

Assurément cette modification constitutionnelle n’est pas faite pour le seul bénéfice du peuple sénégalais qui, à ce jour, survit difficilement, faisant face à des préoccupations plus urgentes avec un chômage massif, un pouvoir d’achat malmené, une hausse généralisée des prix des denrées, une crise énergétique récurrente, un monde rural sinistré et un système éducatif et de santé aux abois.

Elle n’est pas faite non plus pour renforcer la bonne gouvernance dans un contexte d’instrumentalisation du législatif par l’exécutif (pétition contre le Président de l’Assemblée nationale), de déficit de transparence dans la gestion des affaires publiques (marchés de gré à gré décelés par le Ministre du budget, cas des 350 milliards de l’ANOCI non encore audités), des routes construites à 5 milliards le kilomètre (Corniche), des avances de trésorerie sans couverture budgétaire, de dérapage de la dette intérieure (150 milliards dus aux entreprises) et de menaces multiples sur les libertés de la presse (agressions sur les journalistes et menaces sur les sociétés de médias).

Enfin, elle ne serait pas faite pour servir les intérêts politiques du Président actuel, puisque le texte voté indique clairement que : « la présente modification ne s’applique pas au mandat du président de la République en exercice au moment de son adoption ». Mais cela, sous réserve d’une non-annulation future de cette clause.

Mais donc, à qui profite cette modification de l’article 27 de la Constitution ?

S’il s’avérait qu’en définitive toute cette agitation est le fait d’hommes et de femmes qui se cachent derrière les atours de la République et n’ont jamais affronté le suffrage universel, ceux-la devraient savoir que cette pratique n’est ni courageuse, ni vertueuse, ni digne. Or le courage, la vertu et la dignité sont des critères essentiels pour tout homme qui aspire à la gestion des affaires de la cité. Si cette hypothèse se vérifiait, la République aura été bafouée et flouée ! L’avenir nous édifiera.

Donc, si par le hasard de l’Histoire, notre système démocratique permettait ce type de manipulation, il s’agirait alors d’un échec collectif de tous les Sénégalais, car cela voudrait dire que notre démocratie permet d’élire des dirigeants qui nous gouvernent par procuration. Or, rappelons simplement que « la démocratie c'est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple », pour reprendre le mot de Périclès.

La modification de l’article 27 de la Constitution pose donc un problème de solidité de notre système démocratique.

La modification de l’article 27 de la Constitution signale, au fond, la fragilité de nos fondements démocratiques : qu’un régime élu puisse violer de manière aussi flagrante la loi fondamentale du pays, en reniant ses propres engagements pris devant le peuple, sans se soucier ni du jugement de ses concitoyens ni de l’image qu’il laissera à la postérité, pose un vrai problème d’éthique, de morale républicaine.

Les Sénégalais sont-ils maintenant résignés, face aux multiples agressions qu’ils subissent, au premier rang desquels le coût de la vie ? Sont-ils sans mot pour qualifier leurs maux ? S’approprient-ils la belle citation du philosophe Sénèque (que je cite encore), qui disait « On a des mots pour dire une peine légère, mais les grandes douleurs ne savent que se taire ».

Fondamentalement, notre système démocratique a besoin d’être réformé, voire reconstruit, au regard des différents dysfonctionnements qu’il a connus : aucun pays démocratique crédible ne peut se permettre l’absence de plus de 46% de son peuple là où, justement, celui-ci est légalement et légitimement représenté, c’est-à-dire l’Assemblée nationale. Un processus électoral, non consensuel et qui est rejeté par l’opposition la plus représentative du pays, n’est pas crédible. Un Sénat où la moitié des membres est désignée, alors qu’elle est la seconde institution du pays. C’est le triste sort du Sénégal qui, pourtant, avait fait des pas de géant sur le long chemin de sa construction démocratique.

Qui pensons-nous tromper avec autant d’incohérences politiques et institutionnelles ? Peut-être nous même.

Ne pas moderniser notre système démocratique en l’adaptant aux réalités démographiques du Sénégal, pays ouvert sur le monde ayant l’ambition d’être émergent, serait faire preuve d’une cécité politique collective que nous finirions tôt ou tard par payer au prix fort.

Il y va du choix de ceux qui, demain, auront la charge de décider de l’éducation de nos enfants, de notre système de santé, des impôts que nous payerons, de l’usage qui sera fait de notre argent, des dettes qui seront contractées en notre nom et que nous payerons nécessairement, etc.

Penser un seul instant qu’il ne s’agit que d’un combat de coqs entre politiciens, serait une grave erreur d’appréciation que nos concitoyens ne devraient commettre.

Certes les politiques et notamment ceux qui sont aux responsabilités, mais aussi ceux de l’opposition démocratique doivent en prendre l’initiative dans la seule perspective de faire du peuple le garant de notre modernité démocratique. C’est une exigence citoyenne.

Un système démocratique fiable est un ensemble de principes et de règles consensuelles stables, (comme celles de tenir les élections a date échue), qui doit permettre au peuple de déceler et de choisir, en son sein, ses meilleurs représentants qui aspirent à le servir. Ceux-ci devraient surtout se distinguer par leur attachement à l’éthique, leur humilité pour s’en remettre au peuple chaque fois que de besoin, et par leur sens élevé de l’intérêt général. Tous les Sénégalais devront mener le combat pour l’avènement d’un tel système, seul gage d’une société qui assure la sécurité et le bien-être de sa population, où les richesses sont équitablement partagées, et les efforts objectivement récompensés.

Une fois construit, ce système devra assurer au peuple des avancées démocratiques irréversibles, sur lesquelles aucun autre régime politique ne pourra revenir et les remettre en cause. Le peuple, à qui il appartient, devra donc être aux aguets en permanence.

En réalité, lorsque, dans un pays, la tenue d’élections aux dates fixées devient une exception, la création de nouvelles institutions budgétivores, comme le Sénat (9 milliards) ou le Conseil économique et social, est le fait du Prince ; où une agence nationale (ANOCI) peut engloutir 350 milliards de Fcfa (1/4 du budget national !), sans que la représentation nationale puisse se saisir du dossier et éclairer le peuple, peut-on, dès lors, être surpris de constater des violations aussi flagrantes de la loi fondamentale ? Cela pose un vrai problème de valeurs et de responsabilités.

Sous ce regard, il serait important que tous les républicains et les démocrates de ce pays réfléchissent à cette question de la préservation de la République comme un bien commun, de la fiabilisation, de la sécurisation et de la modernisation de notre système démocratique, si tant est que nous voulons laisser à nos enfants un pays stable qui leur offre les mêmes chances quelle que soit leur origine, leur ligne de départ; un pays qui récompense leurs mérites, par opposition à un pays où la dévolution du pouvoir et la propriété se font sur le mode héréditaire.

Il ne s’agit plus de l’affaire des hommes politiques. C’est l’affaire de tous.

Si rien n’est fait, alors la voie est ouverte à tous les abus, et la question de savoir quelle sera la prochaine étape ne sera pas superflue.

Pour conclure, méditons cette phrase de l’ardent défenseur de la République qu’est Platon : « L'un des préjudices d'avoir refusé de prendre part à la vie politique est que vous finissez par être gouverné par vos subordonnés »

Que Dieu sauve la Sénégal !


Alioune SARR

aliounesarr99@gmail.com

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1 - « Alea jacta est », signifie « Le sort en est jeté » avait dit Jules César lorsqu’il traversa le fleuve Rubicon a la poursuite de Pompée.
2 – Résultats de l’élection présidentielle de février 2007

Benno Siggil Sénégal : Attention aux manœuvres provocantes de WADE !

[Contribution de Alioune SARR publiée le 31 décembre 2009 dans www.nettali.net, www.seneweb.com, www.senjournaux.net, www.sunuNews.com]

Pour la prochaine élection présidentielle de 2012, les stratégies de conquête des suffrages, vont nécessairement se jouer autour des réformes majeures à engager dans la gouvernance institutionnelle, économique et sociale, pour rompre définitivement avec notre modèle économique extraverti.

Le choix des sénégalais, portera sans doute sur le candidat qui dans la perception collective, sera le plus crédible et incarnera au mieux la rupture et l’espoir, compris comme une volonté de tourner la page des pratiques malsaines instaurées par la gouvernance libérale faite de compromission, de tortuosité et de reniements spectaculaires pour enfin, instaurer au Sénégal une nouvelle citoyenneté, un Etat de Droit fondé sur le bien être de son peuple. Mais à vrai dire, réfléchir sur les réformes de rupture nécessaires au Sénégal, c’est assurément engager une analyse dans un contexte de dérive monarchique, dominé par un climat politique malsain, d’insécurité et de violence et où les repères éthiques et moraux sont totalement bousculés.

D’ailleurs, en confiant récemment le renouvellement de son parti à Farba Senghor, il apparaît clairement que l’option d’Abdoulaye Wade est de se faire succéder par son fils Karim Wade. Cette mise en orbite de Farba Senghor devait en principe, provoquer une levée de boucliers médiatique sans précédent, mais rien de tout cela. Alors que l’individu est impliqué dans d’énormes scandales, dont l’attaque récente d’hommes de l’église et le saccage des journaux l’AS et 24H chrono dont le dossier est encore pendant devant la Justice. Pis, l’habile politicien Abdoulaye Wade a réussi à déjouer ce piège et à noyer ces cris d’orfraies médiatiques, par d’indécentes propositions d’exonération fiscale faites aux sociétés d’édition et de presse. Pendant ce temps, Farba Senghor qui devait recevoir le mépris et le boycott des journalistes, suite à ces saccages impunis, snobant la Justice, se pavane dans des conférences de presse largement médiatisées. C’est à se demander si ce régime du PDS ne tire pas une singulière jouissance sadique dans une humiliation répétée de ses victimes.

Plus exactement, dans la mise en œuvre de son projet monarchique, Maître Abdoulaye semble adopter une stratégie bâtie sur des manœuvres provocantes que nous pouvons distinguer en quatre phases concomitantes. La première phase de sa stratégie, est d’une part de polluer le débat politique en l’éloignant des préoccupations majeures du peuple sénégalais comme l’énergie, les inondations, la cherté de la vie, l’insécurité ou la campagne arachidière désastreuse, et d’autre part de discréditer pour ensuite disqualifier des leaders de Benno Siggil Sénégal à travers la mise en selle d’individus qui sont prêts à tout, et sur qui le peuple sénégalais n’attend rien. Pendant que Serigne Mbacke Ndiaye va à l’assaut (pour ensuite se terrer) de Khalifa SALL Maire de Dakar, Samuel Sarr s’attaque (pour ensuite reculer) à Moustapha NIASSE Secrétaire général de l’AFP et Mamadou Massaly attente à la vie (pour ensuite nier) de Ousmane Tanor DIENG Secrétaire général du PS. Ces trois attaques sont perpétrées en une semaine, par des individus se réclamant tous d’être des Wadistes éternels. Ces trois individus se singularisent également, par l’insulte en bandoulière et par un manque criard d’épaisseur intellectuelle et de densité politique. Personne ne peut vous dire dans quelle école coranique, monastère ou université ils auraient fait leurs humanités et personne n’à jamais vu leur Curriculum Vitae. Par contre, comme dans une mer infestée de forbans, chacun d’entre eux dispose d’une triste prise de guerre: Samuel Sarr a été cité dans l’Assassinat du Juge Babacar Seye. Mamadou Massaly a revendiqué avant de se dédire, la tentative d’assassinat de dirigeants du parti socialiste. Serigne Mbacké Ndiaye a incité à la sédition en invitant les marchands ambulants à se rebeller contre des institutions de la République. Alors que chacun de ces actes graves aurait mérité la Cour d’Assise dans une République digne de ce nom, ces individus circulent librement et continuent à insulter d’honnêtes citoyens.

Mais de ces individus, le comportement le plus étonnant est sans doute celui de Samuel Sarr Ministre de l’Energie. Cet homme constitue une vraie tragédie pour le Sénégal. Non content de nous plonger dans les ténèbres tous les jours que Dieu fait, malgré des factures sans cesse à la hausse, mettant à genou tout le tissu économique et social du pays, cet individu se singularise par une extrême arrogance dont on se demande bien ce qui la justifie. Lorsqu’on lui parle du marché opaque et nébuleux de l’approvisionnement en fuel de la Sénélec d’un volume passé de 15.000 tonnes/mois à 30.000 tonnes/mois, soit une valeur de 7 milliards/mois à 14 milliards/mois, il esquive, en nous entretenant sur un Contrat de GTI de huit cent millions de Fcfa par mois dont personne ne comprend rien. Qui sont les réseaux occultes qui bénéficient du marché des licences d’importations du fuel qui se chiffrent à 168 milliards de Fcfa par an ? Comment a-t-on dépensé pour le compte la Sénélec les 520 milliards de nos francs d’investissements dits massifs ? Qui sont les actionnaires et les business plan des différentes filières du nouveau holding annoncé de la Sénélec et comment ont-ils été choisis ? Samuel Sarr ferait mieux de répondre à ces questions à la place de ses élucubrations technocratiques qu’il livre dans des palaces de Saly Portudal. En définitive, le démantèlement des puissants réseaux affairistes qui ont infecté tous les secteurs de l’économie nationale dont l’énergie, la santé, l’agriculture, l’éducation ou le transport aérien et portuaire, sera sans doute l’une des tâches les plus ardues de l’équipe de patriotes que les sénégalais éliront 2012. C’est pourquoi, dans la nouvelle République à instaurer après Wade, il sera d’une extrême urgence de réformer toutes nos institutions publiques en rééquilibrant les pouvoirs exécutif et législatif et en renforçant l’indépendance du pouvoir judiciaire à travers l’instauration d’une Cour constitutionnelle garant de notre démocratie. Pour Benno Siggil Sénégal, en cas de victoire en 2012, le temps sera venu, dès la première année d’un prochain mandat, de mettre en place les nouvelles institutions du régime parlementaire équilibré tel que prévu dans la charte de gouvernance démocratique des Assises Nationales.

La seconde phase de la stratégie du candidat Abdoulaye Wade et qui a fait son succès contesté en 2007, repose sur une manipulation et une maîtrise du fichier électoral. Car, au moment même où les sbires du PDS procèdent à leurs attaques, le Ministre d’Etat Bécaye Diop chargé de l’Intérieur, un autre Wadiste éternel, vient de publier de manière unilatérale, un arrêté ministériel fixant le démarrage de la révision exceptionnelle des listes électorales sur une durée exceptionnelle de six mois de février à juillet 2010. Pourtant, cette durée de la période de révision fait bien partie des points inscrits dans les discussions sur la révision du code électoral, bloquées à ce jour et pour lequel le Président de la République avait annoncé le déblocage lors de son adresse à la Nation le 31 décembre 2009. Tout ceci devait édifier définitivement l’opposition du niveau de sincérité des dirigeants du PDS et de la convaincre que ce parti est prêt à tout pour conserver ce pouvoir qui leur procure des avantages qu’ils n’ont jamais imaginés. La seule réponse valable de l’opposition sera le rapport de force politique à leur imposer en tout lieu. Par ailleurs, le Ministère de la Justice vient de démarrer les audiences foraines qui se tiennent sur ordonnance du juge dans les collectivités locales. Les audiences foraines sont destinées à procurer un état civil, exclusivement aux personnes nées au Sénégal ayant plus de 13 ans et qui n’ont jamais été inscrites dans l’état civil.Encadrées, elles sont très utile et demandées surtout en milieu rural. Cependant, tous les patriotes et les républicains doivent veiller à ce que des personnes non concernées par ces audiences n’en profitent pour se procurer un nouvel état civil et pouvoir se retrouver dans le fichier électoral.

La troisième phase de la stratégie du candidat Abdoulaye Wade qu’il déroule de manière concomitante, est de distraire les partis de Benno Siggil Sénégal, en les détournant de cette phase cruciale de surveillance de la révision des listes électorales et de combiner comme en 2007, trois facteurs décisifs utilisant les leviers de la puissance publique: la révision des listes électorales par le Ministère de l’Intérieur avec Becaye Diop, la tenue des audiences foraines par le Ministère de Justice avec Lamine Sall et celui des Affaires étrangères avec Madické Niang et la vente des cinq millions de cartes de membres de son nouveau parti le PDSL, par Farba Senghor. Comme par hasard, le fichier électoral actuel est estimé à cinq millions d’électeurs ! En analysant les profils des trois hommes politiques qui occupent ces trois fonctions, force est de reconnaître qu’ils répondront à la lettre aux desiderata du Candidat Abdoulaye Wade. Dans ces conditions, personne ne doit être surpris, si à la fin de la révision des listes électorales en juillet 2010, le fichier électoral actuel soit restructuré à la faveur d’un nouveau fichier contenant les cinq millions de militants du PDSL ! En ce moment, aucun parti, aucune coalition de partis politiques, aucune juridiction ne sera en mesure de gérer un recours contentieux portant sur des millions d’électeurs supprimés ou remplacés par les nouveaux militants du PDSL. Un audit technique ne fera que constater les dégâts en ce moment. Donc, c’est maintenant que tout se joue.

La quatrième et dernière phase de la stratégie du candidat Abdoulaye Wade, à dominante médiatique, sera constituée d’une série d’annonces de projets réactualisés ou nouveaux avec ou sans suite, selon les rapports de force en face de lui et les gains politiques escomptés, mais dont l’intérêt se trouvera dans le contrôle du leadership médiatique et l’instauration d’une hégémonie culturelle1 PDS dans les médias, les syndicats et les milieux religieux. A ce propos, on peut y classer la création du groupe de médias Sopi FM, le refus d’attribuer une fréquence télé à Télé Futur Médias, les conflits larvés avec Walf TV ou le matraquage quotidien de la RTS ; on peut aussi ajouter la rencontre avec le syndicat des enseignants du Concret au Cices, l’annonce de centaines de milliards destinés aux travaux de Tivaoune et de Touba, la réconciliation avec l’église et les Imams de Guédiawaye ou la pacification des relations avec la presse. Il en est de même de son dernier projet de suppression des gouverneurs et d’instauration des Ministres résidents dans les régions. Ce projet qui n’a fait l’objet d’aucune étude préalable par des experts, ni de concertations entre les acteurs politiques et ceux de la société civile, lui permettrait sans doute, de pouvoir contrôler les collectivités locales perdues, qui seront ainsi dépouillées de leurs prérogatives fixées par la Loi. Dans ces conditions, ce projet de provincialisation annoncé, doit faire l’objet d’un rejet sans équivoque et d’une farouche résistance des acteurs politiques, jusqu’à ce que les règles élémentaires de transparence et de gouvernance démocratique soient respectées.

En réalité, toutes ces phases successives, séquences du même module politique cohérent, ont pour seul but une dévolution monarchique du pouvoir et sa perpétuation dans le camp du PDS qui ressemble plus à un panier de crabes qu’à un parti unifié. Par conséquent, tous les patriotes, en particulier les membres de Benno Siggil Sénégal, doivent se lever et faire face, au péril de leurs vies, pour protéger notre démocratie. Face à ces manœuvres, Benno Siggil Sénégal devra faire preuve d’unité dans l’action et de solidarité dans une occupation du terrain politique pour une lutte sans concession, mais sans se détourner de l’objectif principal qui est de parler juste et vrai au peuple sénégalais. Ils devront suivre et contrôler cette révision exceptionnellement longue des listes électorales pour que les prochaines élections se tiennent dans la clarté et dans la transparence. Ainsi, nous percevons toute l’importance et la pertinence de la candidature unique au sein de Benno Siggil Sénégal, car Abdoulaye Wade ne fera aucun cadeau aux candidats isolés. En particulier, Benno Siggil Sénégal doit recruter maintenant mille volontaires fixes et tournant qui vont siéger pendant six mois dans les commissions de révision. D

e surcroît les réunions hebdomadaires des leaders de Benno Siggil Sénégal, devront prendre en charge le suivi et l’évaluation de cette révision exceptionnelle. Hic et Nunc, Benno Siggil Sénégal doit exiger et obtenir l’accès aux serveurs informatiques du Ministère de l’Intérieur pour suivre au jour le jour l’évolution et les modifications intervenues sur le fichier électoral durant et après la Révision des listes. Parallèlement, un pool d’avocats chargés des contentieux doit être désigné dès à présent, pour démarrer la constitution de leurs dossiers au fur et à mesure des travaux de la révision. Enfin, les comités locaux Benno Siggil Sénégal devront être installés dans tous les coins et recoins du Sénégal et à l’étranger, prêts à mener la bataille politique contre le PDSL et ses satellites, qui consistera principalement à surveiller l’évolution de la population électorale. Ce maillage national et international pour alerter en temps réel sur les dysfonctionnements qui auront été constatés dans la révision des listes électorales, me semble indispensable pour sécuriser le processus électoral. Ce travail doit être effectué dans l’unité et la mutualisation des forces au sein de Benno Siggil Sénégal. Ne pas le faire, sera lourd de conséquence dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012.

Alioune SARR

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Le Sénégal est en danger. C’est ça la vérité Monsieur le Ministre

[Contribution de Alioune SARR publiée le lundi 23 novembre 2009 dans www.nettali.net, www.senegaltribune.com, WalFadjri, SudQuotidien]

« Nous avons un seul et unique objectif, c’est la réélection du président de la République Me Abdoulaye Wade. Si nous ne réussissons pas cela, le Sénat sera dissous. Certains d’entre nous iront même en prison. C’est la vérité », a déclaré le Ministre conseiller du Président de la République Serigne Mbacké Ndiaye.

Dans n’importe quel pays démocratique où les institutions fonctionnent normalement, un tel aveu aurait amené l’Assemblée nationale et le Sénat à saisir la Haute Cour de Justice du dossier « Serigne Mbacke Ndiaye », en votant une mise en accusation immédiate qui aboutirait sans aucun doute à une mise en examen. Mais ne rêvons pas, nous sommes au Sénégal et nous sommes en 2009 !

Nous vous rappelons Monsieur le Ministre, que la prison a pour objectif de protéger la société de ses éléments dangereux. Votre aveu d’une extrême gravité, nous apprend qu’au sommet de l’Etat du Sénégal en 2009, se trouveraient des hommes et des femmes en délicatesse avec les lois de la République qu’ils sont censés faire respecter.

Monsieur le Ministre, avez-vous mesuré les conséquences désastreuses que vos propos auront sur l’opinion publique et sur l’idée que le citoyen se fera désormais des dirigeants de la Nation ? Sûrement pas ! Vos propos montrent à suffisance que les sénégalais vivent dans un même Etat, mais ne sont pas soumis aux mêmes lois, selon qu’ils sont favorables ou pas au régime que vous défendez. Du coup, vous fragilisez la cohésion nationale et bafouez le leadership politique au Sénégal, perçu comme l’influence positive que les acteurs politiques dirigeants exerceraient sur tous les segments de la société, pour les entraîner en tant qu’acteurs dans les missions de développement humain.

Monsieur le Ministre, où se trouve la défense de l’intérêt général dans vos propos, alors que vous êtes sensé conseiller le Président de la République qui incarne la nation, symbolise la continuité et la légitimité de l’Etat, et surtout a été élu au suffrage universel sur la base connue d’avance d’un projet de société ? Quelle naïveté !

Monsieur le Ministre, si vous aimez le Sénégal, partagez vos connaissances avec la justice pour épargner les sénégalais ignorants que nous sommes, de pratiques délictuelles qui abîmeront davantage nos systèmes éducatifs et de santé et ruineront encore le monde rural qui essaie d’écouler désespéramment sa récolte d’arachide bradée à moins 165 Fcfa le kg. Contribuez à sauvegarder ce qui peut encore l’être pendant qu’il est encore temps.

Monsieur le Ministre, en ne livrant pas à la justice les « dirigeants actuels, futurs prisonniers » que vous avouez connaître, vous compromettez dangereusement la vie des sénégalais. Et vous serez moralement responsable de tout que leur arrivera !

Monsieur le Ministre, cet aveu vous disqualifie dans votre mission d’intermédiation politique entre l’opposition et le pouvoir. Certainement, les leaders de l’opposition démocratique en prendront acte dans une future et hypothétique démarche de dialogue politique. Comment pourront-ils se fier à une personne coupable de non assistance à peuple en danger ?

En tout état de cause, les sénégalais apprécieront le peu de considération que vous semblez accorder à leur situation à haut risque où leur pronostic vital est largement entamé ! Vous aurez voulu les décourager définitivement de la chose politique, que vous ne vous y prendrez pas autrement.
Au delà de cette déclaration, vos propos posent en réalité le problème de la crise des valeurs au Sénégal qui prospère au plus haut sommet de l’Etat et qui devra être au cœur de la prochaine élection présidentielle. Ajoutée à l’affaire Seguragate et au chantage récent d’une femme d’Etat, cette affaire ne serait qu’un maillon de la longue chaîne de mal gouvernance qui frappe aujourd’hui le Sénégal. Et nous sommes bouche bée lorsqu’on sait que le Sénégal a initié un vaste programme national de bonne gouvernance (PNBG) dont les effets à court et moyen termes attendus de sa mise en œuvre sont la création de conditions propices à la croissance économique et au développement humain durable. A ce rythme, l’échec est garanti pour ce programme fort séduisant par ailleurs.
C’est pourquoi, l’enjeu de la prochaine élection présidentielle devra s’articuler autour de la reconstruction de nos valeurs communes, du renforcement de nos institutions et du rétablissement d’un Etat de droit ; par ailleurs, la relance du tissu économique devra être une priorité absolue, dans une situation d’effondrement de l’économie nationale où le Ministère de des Finances et le FMI s’accordent à des prévisions fort pessimistes d’un taux de croissance du PIB de 1,25% en 2009. Pourtant le Sénégal a souscrit avec ses partenaires bilatéraux et multilatéraux une stratégie de croissance accélérée (SCA) qui, pour atteindre ses objectifs de doter le Sénégal d’un appareil de production restructuré, s’appuie sur un taux de croissance du PIB de 7% sur dix ans. A ce rythme, on peut aussi faire le deuil de ce programme.
Fondamentalement, lorsque des hommes et des femmes qui détiennent le pouvoir politique, sont persuadés qu’à la perte de celui-ci, ils n’ont que la prison comme destination, tous les démocrates et les sénégalais épris de justice et de paix, devront comme un seul homme, se lever, faire face et surtout protéger vigoureusement le processus électoral, pour aboutir à une élection libre et transparente. Et il est aisé de comprendre à présent les réelles motivations de ceux qui voulaient injustement supprimer le second tour de l’élection présidentielle.
C’est pourquoi, la révision des listes électorales annoncées au mois de janvier 2010 par le Ministre de l’intérieur, devra retenir toutes les attentions. En effet, l’évolution du fichier électoral devra être particulièrement surveillées dans les localités perdues par la coalition Sopi le 22 mars 2009. En particulier, l’électorat dans les zones Nord et Sud du pays, destinataires des 270 milliards du programme MCA devra être observé à la loupe. Les sénégalais qui souhaitent participer à ce combat pour défendre leur vote, devront se convaincre que s’ils sont éliminés du fichier électoral lors des révisions, leur contribution sera sans effet. Donc, après la publication des nouvelles listes révisées en janvier prochain, chaque sénégalais qui a voté le 22 mars 2009, devra s’assurer qu’il est toujours présent dans le fichier électoral en saisissant le tribunal administratif de sa localité en cas « d’omission ».
Quant aux partis politiques, leur responsabilité est énorme lors de cette révision de janvier 2010. Ils devront non seulement avoir des représentants dans toutes les commissions de révisions au Sénégal comme à l’étranger. Mais ils devront aussi mettre en place une « armée de volontaires », qui va mobiliser et aider les populations à s’inscrire mais surtout à « protéger leur présence dans le fichier électoral ».
Lors du vote en mars 2012 ou avant, le même schéma de sécurisation adopté en mars 2009 devra être renforcé et étendu à l’échelle du pays, mais surtout dans la diaspora: mobiliser les sénégalais et les cinquante milles volontaires qui sécuriseront le vote partout surtout à Dakar, à Touba, à Thiès et dans les nouvelles régions. Dans les pays étrangers, ils devront veiller à ce que le nombre d’électeurs ne soit pas supérieur aux nombres de sénégalais résidants.
Enfin nos collectivités locales et nos tribunaux devront être vigilants et fermes dans la gestion de l’état civil pour éviter que des personnes qui n’ont rien à faire des enjeux nationaux de l’élection, se retrouvent avec un état civil qui leur permet ensuite de négocier leur vote.
Monsieur le Ministre, je vais conclure avec une citation de DÉMOSTHÈNE « Il faut que les principes d’une politique soient faits de justice et de vérité ».
Monsieur le Ministre, vous parlez de vérité dans vos propos, mais vous avez surtout oublié la justice que vous devez au peuple sénégalais. Dieu Sait que vous lui êtes redevable de tout.
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Alioune SARR

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Présidentielle 2012 : Un mandat de Cinq (05) ans pour reconstruire notre démocratie.

[Contribution de Alioune SARR publiée le 04 janvier 2010 dans www.nettali.net, www.seneweb.com, www.senjournaux.net, www.sunuNews.com, SudQuotidien]


Le mandat de l’équipe de patriotes que les sénégalais éliront en 2012, devra s’inscrire dans un exercice de reconstruction de notre système démocratique affaissé, dont la clef de voûte est son mode de consultation à travers lequel le peuple souverain, exprime sa volonté et choisit par le vote ses gouvernants, selon le principe « un homme, une voix ». Cet exercice est une exigence de la citoyenneté et de la bonne gouvernance.

La récente démission forcée du juge Moustapha Touré Président de la CENA, suivie de sa fracassante sortie médiatique sur le manque de fiabilité du fichier électoral, vient confirmer ce que beaucoup de sénégalais soupçonnaient et corrobore les déclarations faites par l’opposition le 02 février 2007, après l’audit technique du fichier où étaient décelés des doublons. Il n’y a plus l’ombre d’un doute que notre système électoral présente des failles préjudiciables à la construction et à la consolidation d’un Etat de droit. Et pourtant, pour cette opération de refonte du fichier électoral, née de la loi 2004-32 du 25 août 2004 qui annulait toutes les listes électorales et prescrivait l’établissement de nouvelles listes basées uniquement sur une carte nationale d’identité numérisée, l’Etat du Sénégal avait dégagé des moyens colossaux (plus de 20 milliards de Fcfa), et mobilisé ses services pendant quatre (04) années !

Dans ces conditions, l’urgence des nouveaux dirigeants qui seront choisis par le peuple en 2012, devra donc être la mise sur pied d’une institution autonome et indépendante, de gestion des questions électorales. A cet égard, le temps sera venu de créer l’Autorité de Régulation de la Démocratie (ARD), une des merveilleuses recommandations des Assises Nationales. La mission de cette institution, inscrite dans le pacte de gouvernance démocratique, est, en plus des affaires concernant les partis politiques et le dialogue républicain, de prendre en charge l'ensemble du processus électoral à l'exception du contentieux juridictionnel. L’institution révisera aussi les conditions de création des partis politiques basées sur une exigence de viabilité et de seuil de représentativité nationale et garantira la transparence et le caractère consensuel du système électoral : refondre le fichier électoral et de réviser le Code électoral, confier le contentieux des élections nationales à la Cour constitutionnelle, et institutionnaliser l’évaluation du système électoral. Mais, par quels mécanismes garantir cette transparence ?

Rappelons le mot de Périclès, repris par Abraham Lincoln, consacrant le fondement théorique de la démocratie, qui a été introduit dans la constitution de 1958 de la Cinquième République française, et repris dans l’article premier de la Constitution sénégalaise de 2001 : « La démocratie c'est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. » Pour appliquer ce principe et permettre au peuple souverain d’exprimer sa volonté par le vote, selon le principe « un homme, une voix », l’Etat doit d’abord procéder à l’identification technique du « peuple qui vote ». Si dans une République achevée, le « peuple qui vote » correspond à l’ensemble des citoyens composés de toutes les personnes jouissant de leurs droits civiques et respectant leurs devoirs envers l’Etat, force est de considérer que la situation que nous vivons au Sénégal, nous convainc du contraire. En effet, bien que ce principe soit Constitutionnalisé, des millions de citoyens sénégalais ne jouissent pas de leur droit de vote, car ne disposant pas du sésame de la carte d’électeur. Sur une population de onze (11) millions d’habitants, moins du quart, soient trois (03) millions de sénégalais votent.

Par conséquent, dans la mission de reconstruction de son système démocratique, le Sénégal devra se fixer comme ambition de permettre à tous les citoyens de jouir du droit de vote. C’est ainsi que l’une des premières tâches de l’Autorité de Régulation de la Démocratie, sera de reconstruire la « base de données du peuple qui vote », appelée par abus de langage le « fichier électoral ». En réalité, il ne s’agit pas d’un seul fichier mais de plusieurs fichiers : ce sont au Sénégal et à l’étranger, toutes les listes électorales, tous les lieux de votes et tous les bureaux de vote, qui sont confondus dans le vocable « fichier électoral ». Et c’est le principe « un homme, une voix » qui exige qu’un électeur doive être inscrit une seule fois, et lui impose un vote unique. Du coup, il interdit la « présence de doublon dans le fichier » et traque « le vote multiple », à l’origine des contestations électorales au Sénégal.

Cependant, il est important de noter, que cette mission de « permettre à tous les citoyens de jouir du droit de vote » ne peut pas se faire sans au préalable, la mise en place d’un système d’état civil fiable. Car le citoyen électeur s’inscrit dans l’actuel fichier national des cartes d’identité (CNI), puis dans le fichier électoral grâce à son extrait de naissance, acte juridique de l’état civil, qui doit être authentique et signé par un officier de l’état civil. L'état civil est l'une des principales compétences que l'État a déléguée aux collectivités locales. Malheureusement, de nombreux dysfonctionnements sont constatés principalement sur les modalités de délivrance des actes et la conservation des registres. Ces dysfonctionnements sont nés de la création de nouvelles collectivités, de l’inaccessibilité des centres d’état civil surtout en monde rural, de l’absence de locaux fonctionnels pour les archivages ou du manque de qualification du personnel de soutien. Par ailleurs, beaucoup des fraudes sont constatées sur l’état civil au Sénégal.

Mais au-delà de la dimension de gestion électorale, un système d’état civil fiable, est avant tout, un instrument de sécurité nationale et internationale, et permet au citoyen d’obtenir sa nationalité. A ce titre, il constitue un outil indispensable à la construction de la citoyenneté. En plus, lorsqu’il est fiable, il permet de définir des politiques publiques viables, et consolide l’unité nationale. Au Sénégal, l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), à travers les documents reçus du Centre National de l’état civil (CNEC), confectionnent les outils statistiques décisionnels utilisés par l’Etat pour piloter ses politiques publiques. Lorsque les informations obtenues des centres d’état civil sont erronées, c’est bien sûr la pertinence de la chaîne des procédures de gestion de nos politiques publiques qui est remise en cause. Nous observons donc, qu’il sera urgentissime de fiabiliser, moderniser, informatiser et sécuriser l’état civil sénégalais, qui en raison des enjeux pour l’avenir de la Nation, mobilisera énormément de ressources publiques et engagera des actions d’envergure. C’est pourquoi, ceux qui prétendent, qu’il suffira simplement de rafistoler le fichier électoral actuel, en escamotant la lourde tâche de fondation d’un système d’état civil fiable, mésestime la lourde tâche de reconstruction de notre système démocratique, base de notre gouvernance publique.

Dans ce contexte, les nouvelles autorités issues de l’élection présidentielle de 2012, devront mettre en place la cellule chargée de fiabiliser, moderniser, informatiser et sécuriser l’état civil sénégalais. Cette cellule pourrait être le Centre National de l’Etat Civil, qui devra être renforcé par les élus locaux, l’Agence Informatique de l’Etat, les opérateurs de télécommunications et par d’autres compétences nationales : statisticiens, sociologues, juristes, informaticiens, économistes. Pour réaliser cette importante mission sur l’état civil, il va falloir, dans le cadre d’un consensus national qui rendra irréversible les choix structurants qui seront opérés, mettre en place un cadre juridique adapté pour organiser de nouvelles procédures, adapter et créer des textes de lois, puis de légiférer. Ainsi, certaines lois devront être réadaptées aux évolutions démographiques du Sénégal et aux contraintes liées à la décentralisation. Il en sera ainsi du code de la famille, de la loi sur la décentralisation, de la loi sur l’informatique et les libertés, etc.... Nos politiques publiques seront aussi revisitées.

Plus généralement, il faudra mener une vaste campagne de formation des acteurs et de sensibilisation des populations sur l’état civil. Il s’agira aussi de procéder à une révision institutionnelle, pour améliorer la synergie entre le Centre National de l’état civil et les centres principaux et secondaires et assurer une meilleure coordination entre les ministères concernés. Enfin, l’Etat devra engager un vaste chantier de réhabilitation et de construction de locaux fonctionnels et sécurisés dans les collectivités locales, pour la gestion et la conservation de l’état civil. Tout ce chantier devra être clôturé par un système informatique biométrique de l’état civil (SIBEC), qui interconnectera tous les centres d’état civil principaux et secondaires, le Centre National de l’état civil, l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie et les principaux démembrements de l’Etat, notamment les ministères de la justice (pour la surveillance et le contrôle), de l’Intérieur (commandement territorial), des Finances (pilotage des politiques publiques) et des Affaires étrangères (état civil consulaire). Ce nouveau système état civil aboutira ainsi à la création du nouveau fichier unique et biométrique des cartes nationales d’identité, qui sera en même temps le nouveau fichier électoral du Sénégal et fusionnera tous les autres fichiers nationaux : passeports, cartes grises, interdits de vote, etc.,...Ainsi au Sénégal, le « peuple qui vote » sera confondu à « l’ensemble des citoyens» et notre pays, respectant le principe de Périclès, devient une démocratie avancée. Une fois terminé, les services publics état civil seront disponibles partout et pour tous physiquement et à travers un réseau Intranet, faisant ainsi entrer le Sénégal dans l’ère de l’eGouvernement. Pour y arriver, l’Etat du Sénégal devra « obliger » les opérateurs de télécommunication, à accélérer leur cadence dans la mise en œuvre de « la couverture téléphonique universelle » et permettre ainsi l’accès pluri médias (Téléphone, Internet haut débit, Vidéos) à toutes les collectivités locales et des tribunaux du pays. La réussite de ce projet, passe aussi par la résolution de la question récurrente de l’énergie, pour rendre disponible l’électricité dans tous les centres d’état civil.

A l’évidence, le projet de refondation de notre système de l’état civil, est certes complexe, mais à notre portée, si les autorités issues de l’élection présidentielle de 2012, ont la volonté politique ferme de le réaliser. Si nous tenons compte de la situation démographique du Sénégal, des réformes institutionnelles à engager, des délais dans les procédures d’appels d’offres publiques, des infrastructures à construire, de l’ordonnancement de ces tâches et de l’observation de projets similaires dans d’autres pays, la durée minimale d’un tel projet pourrait être estimée à cinq (05) ans. Rappelons que la précédente refonte du 25 août 2004, qui a donné naissance au « fichier électoral » actuel, n’avait pas pris en charge la fiabilisation de l’état civil, et a duré quatre (04) ans !

Ainsi donc, la mise en place d’un système d’état civil fiable, fondement de notre système démocratique, est une tâche incontournable. Si c’est le candidat du PDS qui est réélu en 2012, il est évident que nous pouvons faire le deuil d’un tel système, parce que ce parti politique ne trouvera pas la nécessité de procéder au changement d’un « système qui marche ». Si par contre, c’est le candidat de la coalition Benno Siggil Sénégal qui l’emporte, alors le rêve est permis. Dans ce cas, il lui appartiendra avec son équipe de voir, s’il souhaite mener à son terme cette importante mission de modernisation et de sécurisation de notre système d’état civil, en exécutant chacune de ses phases de conception, de réalisation, de suivi et d’évaluation. Ou alors, s’il souhaite l’escamoter et laisser à son futur successeur le soin de poursuivre et d’achever la mission. Si c’est la première option qu’il retient, il faudra alors qu’il s’engage durant un mandat Constitutionnel de cinq (05) ans, dans le cadre d’un consensus national qui regroupera tous les patriotes dont les futurs vaincus, à réaliser cette mission salvatrice pour la Nation, en plus des urgences qu’il s’est fixé dans son projet de société. Ce candidat, futur architecte de notre système démocratique, devra être un grand rassembleur animé d’une forte volonté politique et ayant la capacité de superviser de projets nationaux complexes. Il devra établir et faire appliquer un code éthique et déontologique pour l’officier d’état civil. Ses qualités intrinsèques l’y aideront.


Alioune SARR

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